CD : « Besame mucho » ou le tango symphonique par l'Ensemble Contraste
Ensemble Contraste & Orchestre Philharmonique Royal de Liège
1CD Aparté : AP159 (Distribution : PIAS)
Durée du CD : 63'34
Notre avis : (4/5)
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Voilà un CD qui transcende les frontières pour tisser des liens entre musique populaire et savante. L'Ensemble Contraste qu'animent Johan Farjot et Arnaud Thorette s'est fait le champion de ce décloisonnement depuis des années et leur premier album « Café 1930-Tango ». Il récidive avec ce nouvel opus. Ou une approche revisitée du tango dans une dimension symphonique. C'est que les morceaux réunis, transcrits par Johan Farjot, sont joués avec un grand orchestre, l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Replacés dans cet environnement inhabituel, ils prennent des couleurs surprenantes et leur écoute en est grandement renouvelée.
Le tango ou la milonga sont des danses d'improvisation basées sur le métissage des cultures. Cette approche est encore plus marquée ici par le mélange des univers distincts qui leur sont associés, le jazz, le classique, les musiques du monde, créant une alchimie insoupçonnée. Ainsi des pièces empruntées à Astor Piazzolla, comme « Oblivion » et son improvisation jazzy au violon puis au piano et enfin au saxo, ou encore « Contrastes », bien rythmé par le sextuor et nanti de sonorités inattendues là aussi hyper jazzy. Dans « Milonga en ré », du solo de violon émane une profonde mélancolie. Il en va de même des pièces chantées comme l'incontournable et sensuel « Besame mucho » de Consuelo Velásquez, ou « Chan Chan » de Company Segundo, des standards latino passablement transformés dans les présents arrangements. On se délectera de « My Heart belongs to Daddy » de Cole Porter, de « Youkali » signé Kurt Weill ou encore de « Plaza Mayor », une création de Karol Beffa, écrite pour l'Ensemble Contraste, évocatrice de l'univers de la comédie musicale et des tunes sud américains, animée d'une amusante rythmique saccadée empruntée à la milonga. « El choclo » de Ángel Villoldo est un air forgé sur le rythme de habanera avec un joli solo de saxo débouchant sur une folle improvisation générale. C'est précisément ce côté impro qui ressort de l'interprétation du septuor de musiciens de Contraste et de leurs complices du Philharmonique de Liège, d'une verve communicative. Une mention particulière pour la chanteuse Noëmi Waysfeld.
Issue en grande partie de prises live en concert à la salle Philharmonique de Liège, la prise de son conserve un intimisme idoine malgré la diversité des forces réunies. Elle fait la part belle au septuor soliste, l'orchestre le prolongeant en une sorte d'écrin sonore. La voix est placée en avant façon jazz.
Texte de Jean-Pierre Robert
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